Colloque « L’identité francophone de l’USJ – 150 ans de francophonie à l’USJ : quel avenir ? »
Les 16 et 17 octobre 2025, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a organisé, à l’Auditorium François S. Bassil du Campus de l’innovation et du sport, un grand colloque intitulé « L’identité francophone de l’USJ – 150 ans de francophonie à l’USJ : quel avenir ? ». Cet événement, qui s’inscrit dans le cadre des célébrations du 150ᵉ anniversaire de l’Université, a réuni un large public de chercheurs, d’enseignants, de diplomates, d’universitaires et d’acteurs institutionnels venus réfléchir ensemble à la vocation francophone de l’USJ et à son rôle dans un monde en mutation linguistique et culturelle.
Plus qu'un simple rendez-vous académique, ce colloque s’inscrit dans une démarche de réflexion sur la vocation francophone de l'USJ depuis sa fondation, sur les valeurs humanistes et culturelles qu'elle porte et sur la responsabilité intellectuelle qui lui incombe dans un monde en pleine mutation linguistique et identitaire.
C’est le Pr Salah Aboujaoudé s.j., premier vice-recteur de l’Université et principal instigateur du colloque qui a pris la parole au début de la séance inaugurale.
Le Pr Aboujaoudé s.j. a ouvert les travaux en rappelant que la francophonie ne se réduit pas à un choix linguistique, mais touche à la manière de penser et de dialoguer avec le monde. Citant Wittgenstein, il a souligné que « le langage est une forme de vie » et mis en garde contre une approche purement utilitaire de l’anglais : « Abandonner le français, c’est risquer de perdre un registre entier de pensée. » Il a invité à trouver un équilibre entre ouverture internationale et fidélité à la mission francophone de l’USJ.
Le recteur de l’Agence universitaire de la francophonie, le Pr Slim Khalbous, a salué « un moment fort et émouvant », rendant hommage à la contribution exemplaire de l’USJ à la francophonie universitaire. Il a rappelé les défis communs aux universités francophones : préserver le multilinguisme, défendre la diversité intellectuelle et résister à l’uniformisation engendrée par l’hégémonie linguistique. « L’anglais a toute sa place, mais c’est l’hégémonie d’une seule langue qui menace la science », a-t-il averti.
Au nom du Groupe des ambassadeurs francophones au Liban, S.E.M. Mhammed Grine, ambassadeur du Maroc, a salué l’USJ comme un « phare de la francophonie au Moyen-Orient », soulignant l’importance de renforcer son identité francophone tout en l’inscrivant dans la modernité. Il a réaffirmé l’engagement des pays francophones à poursuivre leur coopération avec l’Université.
L’ambassadeur de France au Liban, S.E.M. Hervé Magro, a qualifié l’USJ d’« emblème de la francophonie libanaise ». Il a dénoncé le recul de l’enseignement du français et les idées reçues qui le limitent à une élite, plaidant pour une réhabilitation de la langue comme outil d’ouverture et d’innovation. Il a salué la dynamique francophone portée par l’USJ, notamment à travers son implantation en Côte d’Ivoire et la mobilisation de sa diaspora.
Prenant la parole en conclusion, le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ, a replacé la réflexion dans l’histoire de l’Université, qui enseigne en français depuis 1875. Il a reconnu l’importance croissante de l’anglais — déjà langue d’étude pour 20 % des étudiants — mais a insisté sur la nécessité de préserver l’âme francophone de l’institution : « Comment le français peut-il continuer d’inspirer une éducation au service de l’homme entier ? » a-t-il interrogé.
Le Recteur a appelé à une francophonie « vivante, créative et engagée », conciliant enracinement culturel et ouverture sur le monde.
Les travaux et conférences se sont étalés sur deux jours, avec plusieurs conférenciers et chercheurs.
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