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Jad Rahmé (IESAV, 2012), le réalisateur qui a surpris Gucci avec ses images du Sporting

Success Stories

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22/07/2025

Tiré de l'Orient-Le Jour

Il le savait depuis toujours, qu’il voulait être réalisateur. Avec son dernier bijou pour « Dazed MENA », Jad Rahmé (IESAV, 2012) s’impose aujourd’hui comme une figure montante du septième art à Beyrouth et à l’international.

À peine débarqué dans ce café d’Achrafieh, il demande à déplacer des chaises qui traînent. « Elles seront plus discrètes au coin de la pièce. » Pour lui, c’est évident : même pour discuter autour d’une tasse de café, l’harmonie visuelle compte. Ce mantra est tout aussi visible dans son style vestimentaire, très épuré, et soigné jusqu’à ses quelques cheveux gris.

Ce souci du détail, reflet de son regard et son talent, attire de plus en plus l’attention dans le monde artistique et visuel. Sa dernière réalisation a fait le buzz sur les plateformes digitales : un clip audacieux, imaginé pour accompagner la couverture estivale du magazine Dazed MENA. Avec sa caméra, il met en scène Gucci dans un décor inattendu à la demande client – le mythique Sporting Club de Beyrouth.

Pourtant, la carrière du réalisateur a commencé bien avant, avec des publicités et des clips pour des artistes aux univers parfois opposés. Des projets variés, qui pourtant se rejoignent par une même rigueur créative : « Il ne suffit pas de sentir les choses, il faut aussi bien les penser. »

Pas qu’un simple coup de chance

« Les gens pensent souvent que je suis un ‘‘jeune’’ réalisateur. En fait, j’ai 36 ans », lance Jad Rahmé, amusé. Garder profil bas n’est pas un hasard, mais un choix pleinement assumé de l’artiste puisque cette rencontre est la première qu’il accorde à la presse. C’est ainsi qu’il révèle qu’à sa sortie de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, il cumule d'abord les boulots de montage. La réalisation ne le séduisant pas, il trouve un certain confort dans l’univers de la postproduction. Ce n'est qu'un peu plus tard que la rencontre avec le producteur Samer Fleihan rallume en lui l’envie de passer plus souvent derrière la caméra. Le rythme s’accélère et chaque projet en entraîne un autre dans un effet boule de neige.

Il y a quelques années, le cinéaste perd une amie proche. Avec la famille, il trouve écho à son deuil dans une chanson de Louss, intitulée Mirage. Cette douleur partagée aura le mérite de réunir deux talents ; de marier la mélodie de Mirage aux images de Rahmé. L’idée devient rapidement une réalité, et Jad Rahmé réalise alors le clip de la chanson, « dédiée aux amours perdus ». Ce clip marquera un tournant dans sa carrière. Mirage remporte plusieurs prix à l’international et, surtout, reconnecte Jad Rahmé au monde de la musique. Son style, sensible et narratif, attire notamment l’attention de l’actrice et chanteuse Stéphanie Atallah. Elle lui confie alors la réalisation de sa chanson Bent Mbareh l’année dernière.

De fil en aiguille, le crescendo continue quand les distributeurs d’el-Shami, chanteur pop à la popularité croissante, repèrent à leur tour le travail de Jad Rahmé. Il leur propose une vision nouvelle pour la star. Pari gagné : il réalise le clip de Wein, l’un des plus grands succès d’el-Shami, qui cumule déjà plus de 216 millions de vues sur YouTube.

Toujours inspiré, le réalisateur travaille aujourd’hui sur un clip qu’il qualifie d’audacieux pour la chanteuse irakienne Rahma Riad à découvrir sbientôt.

L’absurdité ingénieuse : Gucci au Sporting

« J’ai décroché et puis j’ai entendu toute l’équipe de Dazed crier : WE FUCKING LOVE IT! (on l’adore !) », raconte Jad Rahmé à L’Orient-Le Jour. Ce film de mode, réalisé par le cinéaste au Sporting Club de Beyrouth pour Dazed et Gucci, a fait sensation auprès des équipes puis du public. À l’origine pourtant, le magazine l’avait contacté pour uniquement diriger la séance photo destinée à la couverture. La vidéo n’était alors qu’un projet complémentaire, mais Jad Rahmé propose de la prendre en charge, en précisant d’emblée qu’il ne livrerait pas un contenu qui ressemble aux réels qu’on voit par paquets sur les réseaux sociaux.

« C’était une opportunité idéale » : Gucci et Dazed lui ont presque laissé carte blanche. Le résultat est applaudi à l’unanimité. Pourtant, le tournage n’a pas été de tout repos. Le jour J, « on aurait dit que les quatre saisons s’étaient donné rendez-vous au Sporting : vents forts, ciel changeant, soleil capricieux... » Rien ne semblait jouer en la faveur de l’équipe. Le risque de tout voir tomber à l’eau était bien réel.

Étincelle pourtant : « Puisque le film cherche à capter l’absurde, le paradoxal, l’insensé – pourquoi ne pas l’exprimer aussi avec les caprices de la météo ? » Le réalisateur repense alors son script et l’ordre de tournage des différentes séquences. De cette contrainte est d’ailleurs né l’un des plans les plus marquants et les plus réussis de la vidéo : un homme, allongé sur une montagne de chaises longues, frappé de plein fouet par les vagues déchaînées.

« C’était l’un des rares projets où j’ai véritablement écouté ma voix intérieure, et le résultat a été largement reconnu et apprécié », confie Jad Rahmé. Cette expérience lui a ouvert de nombreuses portes : aujourd’hui, de grandes maisons de production à Paris comme à Londres font appel à lui. Fort de son parcours dans les clips vidéo et les films de mode, il se lance aussi dans l’écriture et la réalisation de sa propre série, qui s’annonce prometteuse…

Jad Rahmé détient une licence en arts du spectacle, option audiovisuel de l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) de l’USJ, obtenue en 2012. 

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