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La libano-arménienne Valérie Kassardjian Danoux réveille, à Genève, les pâtisseries de son enfance

Portraits

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09.16.2025

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article tiré de L'Orient-Le Jour

Dans les montagnes suisses, qui lui rappellent un peu celles de son Liban natal, la poubelle en moins, Valérie Kassardjian Danoux* crée des gâteaux sur mesure pour des enfants ravis qui fêtent leur anniversaire, ou des horlogers, avocats et autres professionnels qui célèbrent un événement d’entreprise… Rencontre sucrée.

 La main à la pâte, comme un retour aux sources... Dans sa cuisine à Genève, Valérie Kassardjian Danoux confectionne des tartes « Tout Choco », des tartes pistache à la fleur d’oranger, ou des rosaces mangue-passion, ses incontournables, et se souvient ainsi des tables de sa grand-mère à Beyrouth, couvertes de farine où les femmes de la famille « jouaient » avec la pâte dans une joyeuse effervescence. « Ces moments m’ont profondément marquée et ont façonné ma manière d’aborder la pâtisserie : comme un art vivant, généreux et rassembleur », lance-t-elle depuis les rives du lac Léman où elle a élu domicile et lancé son activité, « Délicieuses », en octobre 2021.

Pourtant, l’Arméno-Libanaise, née à Beyrouth en 1973, ne s’imaginait pas pâtissière. « Au fond, ‘‘Délicieuses’’, c’est le fruit d’un parcours réinventé, riche de racines entremêlées, porté par l’envie de partager mon amour des belles choses », dit-elle, après avoir confectionné un gâteau pour un enfant de 4 ans, avec des fruits à tous les étages.

Valérie quitte le Liban à l’âge de 3 ans. Après des allers-retours entre Chypre, l’Égypte et le Liban, sa famille s’installe en France, chassée par la guerre, un nouvel exil après celui des grands-parents arméniens qui avaient trouvé refuge à Beyrouth, après Alep, quelques décennies plus tôt.

Si ses parents et ses sœurs retournent au pays du Cèdre après la fin de la guerre, Valérie décide de faire sa vie en Europe, d’abord à Paris, puis à Genève. « Je suis le vilain petit canard », dit-elle dans un éclat de rire. « Au début des années 1990, papa a voulu qu’on retourne au Liban. Donc j’ai fait ma licence à l’USJ, en sciences économiques. Mais un an plus tard, je suis revenue à Paris, et les autres sont restés à Beyrouth. C’est une question de mentalité, de quête de liberté, d’espace. J’avais besoin de me réaliser, en fait, de ne pas être la fille de... la femme de… »

De la finance à la pâtisserie

De retour à Paris, la jeune Valérie poursuit ses études d’économie, de gestion des PME notamment, pour pouvoir un jour reprendre la société de métallurgie de son père au Liban. « Il y avait toujours cette idée qui lui trottait dans la tête. Alors que ce n’était pas du tout mon truc de vendre du fer », dit-elle aujourd’hui. Après une expérience dans une société du genre à Paris, constatant que ni un retour au Liban ni ce secteur d’activité ne lui plaisaient vraiment en réalité, la jeune femme bascule dans la finance, « comme beaucoup de gens », dans les années 2000.

Elle y enchaîne les missions, les projets, rencontre son futur mari et s’installe avec lui à Genève, quand elle tombe enceinte, il y a déjà 18 ans. Sur les berges du lac Léman, elle arrête alors de travailler pour s’occuper de son nouveau-né, son mari voyageant beaucoup pour des raisons professionnelles. La famille s’agrandit ensuite avec l’arrivée de jumeaux.

En 2015, Valérie suit une formation à l’Institut Paul Bocuse à Lyon, un cadeau de son mari qui s’occupe des enfants pendant ce temps. « J’y ai rencontré des gens de différents milieux, avec différents objectifs professionnels, alors que moi, j’étais vraiment venue par passion. Alors, peut-être que ça me trottait dans la tête et que je n’osais pas sauter le pas. »

Quelques années plus tard surgit le Covid et, dans son sillage, des réflexions et remises en question. Valérie Kassardjian Danoux décide de suivre ses envies, d’écouter ses émotions, elle qui avait été « élevée pour trouver un métier et gagner (s)a vie correctement ».

« C’est arrivé quand même un peu comme une blague, raconte-t-elle. J’étais invitée à un dîner de filles et j’avais décidé d’apporter les desserts. Une personne que je ne connaissais pas m’a dit : ‘‘Mais tu fais ça à titre professionnel ?’’ Je lui ai répondu : ‘‘Mais oui’’, alors que pas du tout. Elle m’a alors proposé de lui préparer deux desserts pour un dîner qu’elle organisait la semaine d’après pour des collègues de travail à son mari. » Et c’est comme ça, sur un coup de tête ou de bluff que Valérie se lance, ouvre en trois jours un compte Instagram et choisit le nom « Délicieuses », comme une évidence. Le business plan viendra après.

 Des gâteaux sur mesure

« C’est arrivé vraiment par hasard, et rapidement », se rappelle-t-elle, presque cinq ans plus tard. La pâtissière fait du sur-mesure pour coller aux souhaits de ses clients, d’abord les amis d’amis, attirés par le bouche-à-oreille, avant que les réseaux sociaux ne prennent le relais et que des directeurs d’événements dans des entreprises ne la contactent.

Feuillantine, tropézienne, succès, pavlova… Elle propose ainsi des pâtisseries destinées en premier lieu aux particuliers qui célèbrent des étapes de vie, puis progressivement aux entreprises (horlogers, banques, cabinets d’avocats…). « Autodidacte, j’ai toujours eu à cœur de travailler des matières premières de qualité, bio et de saison, pour des pâtisseries élégantes et sincères, inspirées à la fois par mes racines libano-arméniennes et par mes souvenirs d’enfance », dit-elle.

Il en est ainsi de la tarte à la pistache et fleur d’oranger, « tellement gourmande, fraîche, équilibrée, un voyage oriental qui plaît à tout le monde ». Ou cette tarte qui rappelle le meghlé, commandée à l’occasion d’une naissance. « Ça a été une création de A à Z. J’ai dû faire plusieurs essais, en faisant attention aux textures, pour que ce ne soit pas trop liquide, afin d’arriver à une pâtisserie avec un vrai goût de meghlé ! »

En plus de l’aspect production, la pâtissière gère les achats, les relations avec la clientèle, les réseaux sociaux, la comptabilité… autant de casquettes avec lesquelles elle doit jongler. Avec bonheur, semble-t-il.

Cette année, Valérie Kassardjian Danoux a lancé plusieurs ateliers à l’occasion des fêtes de Noël, de Pâques, ou de la fête des Mères, « pour transmettre ma passion » et « faire découvrir le plaisir de créer, de mettre la main à la pâte et de voir la magie opérer».



* Coup de projecteur du Bureau des anciens 

Valérie Kassardjian est diplômée en économie de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth en 1996, titulaire d’un master en économie et d’un post-master en management de l’Université Paris-Panthéon-Assas, ainsi que d’une certification internationale en analyse financière (CIIA, SFAF, 2005).

Elle a débuté sa carrière dans la finance, occupant des postes de Trade Support Manager au sein du Crédit Lyonnais Asset Management puis d’Amundi, avant de devenir responsable de projet chez OTC Conseil – Groupe Onepoint à Paris. En 2021, elle a choisi l’entrepreneuriat gastronomique en lançant à Genève sa propre activité de création de pâtisseries haut de gamme, alliant savoir-faire artisanal, innovation et stratégie de développement.


 

 

 

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