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Table ronde « Océans et mers plastifiés » au Campus Liban Sud - R.P. André Masse s.j. de l’USJ

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09.17.2025

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Tiré du site de l'USJ

Sous le haut patronage et en présence de Son Excellence Madame la ministre de l’Environnement, le Dr Tamara El Zein, et en partenariat avec l’Institut français et le Conseil national de la recherche scientifique au Liban (CNRS-L), l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a organisé, le lundi 15 septembre 2025, une table ronde intitulée « Océans et mers plastifiés ». L’événement, tenu à l’amphithéâtre André Masse s.j. du Campus Liban Sud - R.P. André Masse s.j. (CLS) de l’USJ, a rassemblé un large public composé de personnalités politiques, diplomatiques, religieuses, académiques et de la société civile, venus débattre d’un sujet brûlant : la menace croissante de la pollution plastique sur les mers et océans.

Étaient présents à cette rencontre S.E.M. Hervé Magro, ambassadeur de France au Liban Monseigneur Elie Haddad, évêque de Saïda et Deir el-Kamar, les députés, M. Ali Osseiran et Mme Bahia Hariri, le Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l’USJ, le Dr Chadi Abdallah, secrétaire général du CNRS-L, Mme Sabine Sciortino, directrice de l’Institut français du Liban, Mme Laurence Cossart, attachée de coopération scientifique et universitaire, le Pr Richard Maroun, Vice-recteur à la recherche de l’USJ, et la Pr Dina Sidani, directrice du Campus du Liban Sud - R.P. André Masse s.j. La présence de représentants d’ONG, d’universités, de municipalités, ainsi que d’étudiants, a donné à la rencontre une dimension à la fois scientifique, citoyenne et éducative.

Dans son allocution d’ouverture, la Pr Dina Sidani a exprimé son émotion et sa fierté d’accueillir un événement d’une telle importance. Elle a souligné combien le thème retenu pour la table ronde s’inscrivait dans un contexte de crise écologique mondiale, où les océans et mers, « véritables régulateurs climatiques et réservoirs de biodiversité », se trouvent aujourd’hui menacés par les activités humaines. Elle a évoqué les multiples dangers qui affectent les milieux marins – déchets plastiques, surpêche, acidification des eaux – et a insisté sur la nécessité d’une prise de conscience collective.

Elle a rappelé que cette initiative, portée par l’ambassade de France, l’Institut français, le CNRS, la Fondation Diane, la Faculté des sciences et le Vice-rectorat à la recherche de l’USJ, avait pour but de créer un espace d’échanges interdisciplinaires. « Dans un monde où les enjeux environnementaux dépassent les frontières et les disciplines, seule une approche collaborative pourra ouvrir la voie à des solutions », a-t-elle affirmé. Pour elle, il s’agissait d’offrir une tribune à des acteurs d’horizons variés : scientifiques, municipalités, ONG, entreprises, associations et citoyens.

La Pr Sidani a enfin mis en avant l’ambition de cette rencontre : diffuser de bonnes pratiques écologiques dans des secteurs clés tels que l’énergie, l’agriculture, les transports ou l’éducation. Selon elle, chaque institution – écoles, universités ou municipalités – a la possibilité d’agir à son niveau, à court ou moyen terme, en vue de préserver l’environnement et de promouvoir un modèle de développement durable.

Le Vice-recteur à la recherche, le Pr Richard Maroun, a insisté sur l’importance vitale de la Méditerranée, décrite comme « mer nourricière de nos civilisations ». Il a rappelé que cette mer, aujourd’hui gravement menacée par les déchets plastiques, était en train de voir ses écosystèmes et ses populations fragilisés. « La pollution plastique touche la santé de nos populations, l’économie de nos régions et l’avenir de nos jeunes », a-t-il averti. Selon lui, seule une union des forces – chercheurs, décideurs, collectivités locales et citoyens – permettra de relever ce défi.

Il a souligné que la recherche scientifique devait sortir des laboratoires pour nourrir le débat public et inspirer les politiques durables. Pour le Pr Maroun, la mission de l’USJ consiste à bâtir des passerelles entre science et action, en mettant le savoir et l’éducation au service de la société. Cette vision s’incarne notamment dans l’exposition itinérante consacrée à la pollution plastique des mers, inaugurée à Beyrouth avant de rejoindre le CLS, puis les autres Campus de Zahlé et Tripoli.

En conclusion, il a insisté sur la responsabilité collective face à la crise environnementale : « Les plastiques qui polluent nos mers sont le fruit de nos choix. Parce qu’ils sont nos choix, nous pouvons aussi les limiter et les remplacer. » Pour lui, la sauvegarde de la Méditerranée passe par la recherche, l’action collective et l’engagement de chacun.

Le secrétaire général du CNRS-L, le Dr Chadi Abdallah, a replacé la discussion dans une perspective globale. Il a rappelé que les océans couvraient plus de 70 % de la planète, régulaient le climat et constituaient une ressource vitale, en particulier pour le Liban dont l’identité et l’économie sont intimement liées à la Méditerranée. Or, ce trésor naturel est gravement menacé par la pollution plastique, qualifiée de « crise sans précédent ».

Il a présenté des chiffres alarmants : plus de quatre millions de tonnes de plastiques produites chaque année, dont une grande partie à usage unique, et environ quinze tonnes qui entrent dans l’océan chaque minute. Ces plastiques, transformés en micro-débris, contaminent non seulement la faune marine mais aussi le sol, l’air et l’alimentation humaine. En raison de sa nature semi-fermée, la Méditerranée se classe parmi les bassins marins les plus pollués au monde, et le Liban en subit directement les conséquences sur ses plages, sa biodiversité, sa pêche et son tourisme.

Le Dr Abdallah a ensuite appelé à une mobilisation générale, à l’échelle internationale comme nationale. Il a souligné le rôle des gouvernements dans la législation, des industries dans l’innovation, des municipalités dans l’application, des scientifiques dans l’apport de preuves, et des citoyens dans l’adoption de nouvelles habitudes. « Ce qui est jeté dans l’eau aujourd’hui reviendra demain dans notre nourriture, notre air et notre santé », a-t-il averti, concluant par un appel à protéger la Méditerranée pour en faire « une mer de vie, non une mer de plastique ».

Le Recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache, a tenu un discours empreint de gravité. Il a rappelé que la Méditerranée figurait parmi les mers les plus polluées au monde et que le littoral libanais, densément habité, en subissait durement les conséquences. Les pêcheurs, a-t-il regretté, « reviennent parfois avec plus de plastique que de poissons dans leurs filets ». Au-delà de l’image et du tourisme, il s’agit pour lui d’un véritable problème de santé publique, les microplastiques s’infiltrant dans la chaîne alimentaire.

Le Recteur a insisté sur la dimension économique de la crise, qui fragilise les familles vivant de la pêche et décourage le tourisme. Il a plaidé pour des politiques publiques courageuses, visant à limiter l’usage du plastique et à renforcer le tri, mais aussi pour une mobilisation citoyenne. Selon lui, « la sauvegarde de notre littoral et de notre Méditerranée est un devoir national et une condition de survie ».

Il a enfin rappelé la dimension internationale de ce combat, soulignant que la Méditerranée reliait le Liban à la France, à l’Europe, au monde arabe, à l’Afrique et à l’Asie. « Sauver la Méditerranée est un appel à la coopération scientifique, économique et culturelle », a-t-il déclaré. Il a conclu en citant un auteur : « La mer, c’est le début et la fin de la vie. »

L’ambassadeur de France au Liban, M. Hervé Magro, a d’abord rendu hommage aux enseignants et chercheurs qui, malgré les circonstances difficiles, poursuivent leur mission. Il a rappelé le parcours de l’exposition « Océans et mers plastifiés », inaugurée à Beyrouth en février, suivie d’un concours artistique et scientifique en juin, et désormais accueillie au Campus du Liban Sud - R.P. André Masse s.j. L’exposition, poursuit-il, conçue par l’organisation française Expédition Med, s’est enrichie au Liban grâce à l’expertise du CNRS et au talent du dessinateur Ralph Doumit. Il a insisté aussi sur l’importance de délocaliser la sensibilisation hors de la capitale pour donner la parole aux scientifiques, aux associations et surtout aux jeunes.

Soulignant que la Méditerranée, mer quasi fermée, était particulièrement exposée au danger des plastiques, l’ambassadeur a regretté que « cette question ne soit pas un sujet national, et comment les Libanais acceptent de continuer à vivre, à certains endroits, dans des dépotoirs. » Selon lui, cette responsabilité incombe autant aux responsables politiques et religieux qu’aux médias.

Enfin, il a replacé l’engagement français dans un cadre international. En effet, la France a accueilli à Nice la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, marquée par un appel de 96 pays visant l’élimination des plastiques d’ici 2040. Mais, a-t-il souligné, « il n’y a pas encore de consensus international ». Il a insisté sur le rôle des jeunes générations, affirmant que « l’avenir leur appartient » et que leur mobilisation est indispensable pour transformer la société.

La ministre de l’Environnement, le Dr Tamara El Zein, a conclu la série d’interventions en livrant une analyse scientifique et politique des défis à venir. Elle a identifié trois « batailles » à mener pour restaurer la santé des océans : transformer les engagements internationaux en actions concrètes, agir dans l’urgence avant que les crises n’éclatent et promouvoir une approche interdisciplinaire de la recherche. Elle a regretté l’échec récent des négociations internationales à Genève, marqué par « l’égoïsme de certains pays et le court-termisme économique ».

Elle a également mis en garde contre une possible « plastification de la recherche », par analogie à la « COVIDisation » observée durant la pandémie, qui avait détourné les financements au détriment des sciences fondamentales. Pour elle, il est urgent de redonner leur place à toutes les disciplines et de favoriser la fertilisation croisée des connaissances. « Au Liban, nous continuons à cloisonner la recherche dans des îlots. Or, seule l’interdisciplinarité pourra produire des solutions durables », a-t-elle expliqué.

Enfin, elle a insisté sur la nécessité d’un changement idéologique et culturel : revoir notre rapport à la nature, repenser le modèle économique et sortir d’une vision de domination de l’homme sur l’environnement. Elle a annoncé que le Liban signerait l’appel de Nice pour un traité ambitieux sur les plastiques, et a révélé la création prochaine d’un département ministériel dédié à la mer. « L’exposition et la table ronde d’aujourd’hui sont un signe de cette crise de conscience collective », a-t-elle conclu.

Les échanges se sont ensuite poursuivis sous forme d’une discussion animée par la journaliste Suzanne Baaklini, en présence de M. Youssef Tohmé, représentant M. Moustapha Hijazi, Président de l’Union des municipalités de Saïda-Zahrani, du Dr Milad Fakhry (CNRS-L), de M. Malek Ghandour (ONG Amwaj el-Baher), de Mlle Nabigha Dakik (réserve naturelle de Tyr et ancienne étudiante de l’USJ) et de Mlle Nour Mansour, étudiante en 3e année de Licence en sciences de la vie et de la Terre-biochimie au CLS. Les participants ont ainsi partagé leurs expériences de terrain, proposé des pistes d’action concrètes et insisté sur l’importance de l’engagement citoyen et de l’éducation des jeunes générations.

La table a ronde a été suivie par l’inauguration de l’exposition « Océans et mers plastifiés » qui se tiendra jusqu’à 24 octobre au Campus Liban Sud - R.P. André Masse s.j.

Les participants se sont ensuite retrouvés autour d’un cocktail convivial durant lequel se sont tenus des échanges fructueux pour la mise en application de bonnes pratiques écologiques à court ou moyen terme, au niveau des municipalités et des citoyens.
 

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